La récente réunion de la Commission algéro-française « Histoire et Mémoire » à Constantine intervient dans un climat de tensions persistantes entre Alger et Paris. Mais ce dialogue, aussi laborieux soit-il, demeure indispensable pour espérer une normalisation.
Rappelons que cette Commission a été mise en place en 2022 par les présidents Tebboune et Macron, dans la foulée de la crise diplomatique de 2021. Objectif affiché : apaiser les tensions mémorielles héritées de la colonisation et de la guerre d’Algérie.
Or, si les déclarations d'intention ont été nombreuses, le chemin vers la réconciliation demeure semé d'embûches. Preuve en est le récent incident avec l'ambassadeur français convoqué par Alger dans le cadre de l’affaire Amira Bouraoui.
Pourtant, la réunion de Constantine montre que des progrès concrets sont possibles. Notamment sur le volet symbole fort des archives coloniales, dont 2 millions de documents numérisés promis par Paris.
Sur la question mémorielle, l'engagement à documenter les crimes coloniaux du XIXème siècle vise aussi à lever des tabous des deux côtés de la Méditerranée. Une démarche douloureuse mais salutaire.
Du côté algérien cependant, la priorité demeure la récupération des biens spoliés pendant la colonisation, qu'il s'agisse d'archives ou des dépouilles de résistants populaire comme l'émir Abdelkader.
Si le dialogue engagé est indéniablement fragile, il n'en reste pas moins vital pour rebâtir une relation apaisée entre deux peuples dont l'histoire reste étroitement mêlée.
Côté français, un peu d'empathie sur la nécessité algérienne de « réappropriation mémorielle » serait bienvenue, pour rendre possible cette réconciliation.
Sophie K