Ce samedi 23 septembre, le café littéraire du CMPDH-Oran (Centre pour la mémoire et l’étude des droits de l’Homme), niché au 48 rue Larbi BENMHIDI, a ouvert ses portes à un écrivain aux multiples facettes : romancier, dramaturge, critique d’art et journaliste. Il est venu nous parler de deux de ses œuvres : “Le théâtre après Octobre 88” et “figures du terroir”.
Bouziane BENACHOUR avait tant de choses à nous dire, tant d’anecdotes à nous faire vivre, car il a traversé près d’un demi-siècle de journalisme dans des journaux prestigieux comme l’ex LA REPUBLIQUE d’Oran, le mythique ALGERIE ACTUALITES et le renommé EL WATAN. Il a aussi écrit onze livres et vingt pièces de théâtre, témoignant de sa passion pour l’écriture et la scène.
Il nous a confié qu’il avait été étudiant en sociologie au début des années soixante-dix et qu’il avait fait ses premiers pas dans le théâtre amateur au petit théâtre de la rue Chanzy au plateau Saint Michel. On sentait que le conférencier maîtrisait son sujet, qu’il avait vécu ce qu’il nous racontait, qu’il avait aimé ce qu’il nous partageait.
Il nous a fait remonter le temps, le conférencier, il nous a fait voyager à travers l’Algérie, ses villes et ses hommes de théâtre qui ont fait naître le quatrième art au début du siècle dernier. Il nous a parlé d’ALLALOU et sa pièce de « JEHA » de 1926, de BOUBEGRA (Le coiffeur), de Rachid KSENTINI.
Il nous a dit que ces pionniers venaient du peuple, qu’ils faisaient un théâtre populaire, qu’ils jonglaient avec mille métiers et mille misères. Il nous a dit que leurs pièces étaient courtes, drôles, satiriques, qu’elles dénonçaient les maux de la société, qu’elles faisaient rire et réfléchir les citadins, car les campagnards ne connaissaient pas ce divertissement. C’était les années 20-30-40, une époque de naissance ! Une époque où le monde commençait à bouger, où les arts à fleurir, où les idées à jaillir.
À la fin des années 40, le nationalisme algérien avait mûri et il ne pouvait se passer de ce théâtre populaire qui portait tant d’idées novatrices. Ce théâtre qui sortait de la comédie légère pour aller vers les messages engagés, ce théâtre qui se structurait et se professionnalisait. Il nous a cité des exemples : la pièce de Hassen HASSANI « Tu goules ou tu goules pas », Mohamed TOURI et Saim HADJ, et même l’émergence d’une nouvelle élite intellectuelle comme KATEB Yacine et Mohamed DIB, et plus tard Mohamed BOUDIA.
Et puis, il y avait la troupe du FLN, qui mêlait musique et théâtre, qui avait pour mission de faire connaître la cause nationale à travers le monde (Chine, Yougoslavie et autres).
En 1962, il y a eu une explosion du quatrième art au théâtre d’Alger avec Mustapha KATEB et Mohamed BOUDIA. Entre 1962 et 65, 113 pièces de théâtre révolutionnaire universel ont été jouées. Mohamed BOUDIA ne se contentait pas de jouer à Alger, il allait vers l’Algérie profonde, comme René VAUTIER qui emmenait le cinéma dans les campagnes avec ses fameux ciné-pops et ses ciné-bus. Il nous a fait vivre cette histoire du théâtre algérien, il nous a fait sentir cette passion du théâtre, il nous a fait partager cette culture du théâtre.
C’était en 1967, l’année où le festival du théâtre amateur de Mostaganem a vu le jour, qui deviendra une institution culturelle nationale. C’était en 1972, l’année où le TNA a été créé, avec ses annexes d’Oran et de Constantine, où l’on jouait les pièces de Bertold BRECHT et de William Shakespeare. C’était dans les années 80, où le théâtre engagé a fleuri, où l’on dénonçait, où l’on résistait, où l’on espérait.
Et puis, après 1988, on est sorti du théâtre engagé pour aller vers un théâtre plus intimiste, plus personnel, plus nuancé. C’était la naissance des coopératives théâtrales, avec une ambition réaliste, avec des femmes plus présentes, plus actives, plus revendicatives. Il nous a cité les monologues de SONIA ou Dalila HLILOU, qui portaient la voix des femmes, qui exprimaient leurs souffrances, leurs désirs, leurs rêves.
Aujourd’hui, c’est l’ère des nouveaux metteurs en scène, qui introduisent de nouvelles techniques d’écriture, de costumes, de lumière.
Bouziane nous a dit que le théâtre se renouvelait, se réinventait, se diversifiait. Il nous a fait découvrir cette évolution du théâtre algérien, il nous a fait apprécier cette richesse du théâtre algérien, il nous a fait aimer cette beauté du théâtre algérien.
La deuxième partie nous a plongés dans les figures du terroir, ces artistes qui ont marqué l’histoire culturelle de l’Algérie. Il nous a fait voyager de Cheikha TETMA de Tlemcen à la jeune Yasmine LAMARI, en passant par des dizaines d’autres talents à découvrir. Il nous a parlé de leurs voix, leurs musiques, leurs paroles. Il nous a fait connaître leurs parcours, leurs influences, leurs messages.
Avec ce sixième événement, le café littéraire du CMPDH d’Oran s’affirme, se consolide, se diversifie. Il offre un espace culturel où se rencontrent les amoureux des belles lettres, des arts et de la réflexion. Il propose un programme varié, riche, stimulant. Il invite à la découverte, au partage, au dialogue.
Yacine M