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Entre souveraineté et droits humains: la nouvelle politique migratoire de Retailleau qui divise

La récente circulaire publiée par Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur Français, soulève une vive controverse et révèle les profondes divisions au sein du gouvernement concernant la politique de régularisation des étrangers en situation irrégulière.

 

Au cœur de cette polémique, le vice-président de l'Assemblée nationale a exprimé ses inquiétudes avec franchise. “Ça va trop loin, je pense qu'on va trop loin”, a-t-il déclaré sur TF1, mettant en garde contre le risque de tomber dans la caricature. 

 

Cette nouvelle circulaire marque en effet une rupture significative avec la politique précédemment mise en place par Manuel Valls. Là où l'ancienne circulaire permettait aux préfectures de régulariser plus de 30 000 sans-papiers chaque année, le texte de Retailleau durcit considérablement les conditions d'obtention d'un titre de séjour.

 

Les changements sont substantiels. La durée minimale de présence sur le territoire français, condition préalable à une potentielle régularisation, passe de cinq à sept ans. Cette modification s'accompagne d'une approche beaucoup plus restrictive, où l'accent est mis sur l'intégration et l'adhésion aux valeurs républicaines.

 

Roland Lescure, figure de l'aile gauche de la macronie, appelle à la nuance et au pragmatisme. “Il faut qu'on soit humain et surtout qu'on soit pragmatique, car il y a un besoin de main d'œuvre dans certains secteurs”, a-t-il souligné. Sa position met en évidence le dilemme économique sous-jacent : comment concilier une politique migratoire stricte avec les besoins réels du marché du travail ?

 

“Il n'y a pas de droit à la régularisation”

 

Bruno Retailleau, ferme et déterminé, ne laisse place à aucune ambiguïté. “Il n'y a pas de droit à la régularisation”, martèle-t-il. Son objectif est clair : réduire l'immigration, lutter contre l'immigration illégale et mettre fin à ce qu'il considère comme une régularisation systématique.

 

Les experts juridiques apportent un éclairage nuancé. Gwenaële Calves, professeure de droit public, rappelle que cette circulaire, malgré sa teneur restrictive, ne modifie pas fondamentalement le cadre légal. “Le préfet conserve un rôle discrétionnaire, mais son pouvoir d'appréciation est encadré par cette circulaire”, explique-t-elle.

 

En 2023, 34 724 personnes ont obtenu des papiers dont 11 525 au titre du travail, 22 167 pour motif familial, et environ 1 000 étudiants. La nouvelle circulaire vise manifestement à réduire significativement ces chiffres.

 

Au-delà des statistiques, c'est tout un équilibre qui se trouve aujourd'hui questionné. Entre la nécessité de contrôler les flux migratoires et le respect des droits humains, le gouvernement semble privilégier une ligne particulièrement stricte.

 

La circulaire Retailleau met l'accent sur des critères d'intégration précis : maîtrise de la langue française, adhésion aux principes républicains, notamment la laïcité. Les étrangers susceptibles de constituer une menace à l'ordre public sont explicitement exclus du dispositif.

 

Cette approche révèle les fractures profondes au sein de l'exécutif. D'un côté, une vision sécuritaire et restrictive portée par le ministre de l'Intérieur, de l'autre, une perspective plus nuancée défendue par certains membres de la majorité qui plaident pour une approche plus humaine et pragmatique.



Sophie K.

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