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France: fin des subventions pour un lycée musulman

S’appuyant sur un rapport d’inspection critique du contenu pédagogique et du règlement de établissement privé musulman « Al-Kindi » de Décines-Charpieu, la préfecture du Rhône a décidé de mettre fin aux subventions publiques à partir de la rentrée 2025. Le lycée va déposer un recours.


Le lycée Al-Kindi de Décines-Charpieu est sous contrat avec l’État depuis 2012, et a ouvert en 2007.  Visé par une procédure de la préfecture du Rhône, l’établissement privé musulman s’est vu signifier ce 10 janvier la fin de son contrat d’association avec l’État à partir de la rentrée 2025.


Les motifs avancés sont les « manquements administratifs » concernant la distinction entre les classes sous contrat et hors contrat, et surtout des « manquements pédagogiques et des atteintes aux valeurs de la République » et « une proximité avec la pensée des Frères musulmans », selon un communiqué de la préfecture. 


« Loin d’être une série de faits isolés, ces manquements et dysfonctionnements pris ensemble démontrent une proximité des établissements Al-Kindi avec la pensée des Frères musulmans dont le projet est contraire aux valeurs de la République. Face à la gravité des faits, des mesures correctives seraient insuffisantes », ajoute la préfecture.


La direction du lycée avait annoncé sa volonté de déposer un recours devant le tribunal administratif en cas de décision défavorable.


« Il y aura évidemment une étape de contestation », a confirmé auprès du Progrès Hakim Chergui, avocat et cofondateur du groupe scolaire décinois.


« En rompant les contrats d’association, l’Etat envoie un signal très clair à la composante musulmane de notre pays : elle ne fait pas partie de la nation et n’a pas le droit au même traitement que les autres puisqu’aujourd’hui il n’y a plus de lycée musulman sous contrat d’association avec l’Etat », déplore la direction du groupe scolaire.


Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a salué le « travail méticuleux » de la préfecture, tandis que le député LR et ancien président de la région Aura, Laurent Wauquiez s’est félicité « d’avoir remporté cette bataille face à ceux qui menacent les valeurs de la République ». La région avait annoncé mi-décembre ne plus vouloir financer l’établissement.


À la suite d’une vaste inspection en avril 2024, un rapport académique avait pointé entre autres la présence de livres prônant le djihad à la bibliothèque, un code vestimentaire jugé discriminant pour les femmes, et des propos polémiques d’un enseignant sur YouTube. La direction du lycée avait immédiatement annoncé avoir retiré les livres, mis à pied l’enseignant, modifié le règlement.


Le 12 décembre, en commission académique de concertation, la direction du lycée, la préfète Fabienne Buccio et les représentants des collectivités (Région, Métropole de Lyon, Ville de Décines-Charpieu) s'étaient réunis pour évoquer le maintien ou non du contrat d’association.


Une décision qui « pourrait signer la faillite économique de notre établissement d’excellence », selon la direction du groupe scolaire. Dès la rentrée 2025, il ne pourra plus s’appuyer sur un financement public pour régler le salaire de ses 36 enseignants sous contrat, ainsi que les bourses qui concernent 53 % de ses élèves.


L’établissement avait noué un accord avec l’État en 2012. Pour l’année 2024-2025, 80 % de ses 22 classes, de l’école primaire au lycée, sont sous contrat, accueillant 621 élèves dont 172 au lycée.


Il est le dernier lycée musulman de France à être sous ce statut de financement public, après la fin du partenariat entre l’Etat et le lycée Averroès de Lille en décembre 2023. Ce dernier a saisi en référé le tribunal administratif, qui a rejeté le maintien temporaire du contrat le 22 juillet 2024. Une décision sur le fond est encore attendue.


Désormais sans subvention depuis la rentrée 2024, le lycée a dû doubler ses frais de scolarité ; le nombre d’élèves a chuté de 450 à 270 en un an. D’où l’inquiétude de la direction d’Al-Kindi, qui craint un destin similaire.



Nadia. B

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