La journaliste d'investigation Ariane Lavrilleux a été placée en garde à vue mardi par la DGSI dans le cadre d'une enquête pour « compromission du secret de la Défense nationale ».
Connue pour ses révélations en 2021 sur un possible détournement égyptien d'une opération de renseignement française, la journaliste du média Disclose est soupçonnée d'avoir diffusé des informations classées secret-défense.
Selon ses révélations à l'époque, une mission française de renseignement au profit de l'Égypte aurait été détournée par le régime égyptien pour mener des frappes aériennes à la frontière libyenne.
Son domicile a été perquisitionné et elle a été placée en garde à vue, une mesure dénoncée par Disclose comme « une atteinte grave au secret des sources. »
Un ancien membre de l'armée a également été interpellé dans le cadre de cette enquête confiée à la DGSI. Ces auditions s'inscrivent dans le cadre d'une information judiciaire ouverte depuis juillet 2022 par le parquet de Paris.
Sous couvert d'une enquête pour compromission du secret de la Défense, ces auditions ressemblent à une tentative d'intimidation et de musellement d'une journaliste, dénoncent ses collègues.
Elles remettent gravement en cause la protection des sources journalistiques, essentielle à la liberté de la presse. Ariane Lavrilleux est défendue par Me Virginie Marquet dans cette affaire, symbole des dérives possibles de l'appareil sécuritaire d'État face à un journalisme d'investigation dérangeant.
Secret des sources menacé : rassemblement pour la journaliste Ariane Lavrilleux
Ce soir à partir de 18h30, le média Disclose et l'ONG Reporters sans frontières (RSF) organisent un rassemblement place de la République à Paris pour soutenir la journaliste d'investigation Ariane Lavrilleux, placée en garde à vue depuis plus de 30 heures.
Cette manifestation vise à dénoncer les atteintes à la liberté de la presse dont est victime la journaliste. Ariane Lavrilleux, qui travaille pour Disclose, un média nominé en 2020 au Prix RSF dans la catégorie « impact », est accusée de « compromission du secret de la Défense nationale » et de « divulgations d'identité de militaires », précise RSF.
« Son domicile a également fait l'objet d'une perquisition de plus de 10 heures dans le cadre de l’enquête », indique encore l'ONG. Pour les organisateurs, ces procédures semblent directement liées à son travail d'investigation et constituent « une grave atteinte au principe du secret des sources journalistiques ».
Enfin, Reporters sans frontières et Disclose appellent à « la libération immédiate » de la journaliste.
La Rédaction /Agences