Infatigable militant et figure emblématique des émeutes d'octobre 88. Azouaou Hamou Lhadj est décédé hier, Lundi 28 octobre. Il était un exemple de courage et de résistance et fut un acteur de l’Association nationale des victimes et familles de victimes d’Octobre 88 (Avo 88).
Blessé lors des émeutes de 1988 au cours desquelles il a perdu un bras, l’activiste n’a jamais cessé de se battre pour l’établissement d’un Etat de droit en Algérie.
Azouaou a alors 21 ans et sort protester contre le régime comme de nombreux jeunes. La manifestation sera la plus violemment réprimée de cette période : blessé par des tirs de militaires, il perd son bras gauche ; l’une de ses amies meurt après avoir reçu une balle en pleine tête. Et combien d’autres ? Ce jour-là, près du siège de la Direction générale de la sûreté nationale(DGSN) à Alger, 159 personnes sont mortes selon les autorités, près de 500 selon d’autres sources, notamment hospitalières.
« Ce jeudi 10 octobre, ils seront deux policiers à m’attendre pour m’escorter discrètement jusqu’au siège de la DGSN, au centre d’Alger, afin que je puisse y déposer ma gerbe de fleurs en l’honneur des victimes d’octobre 1988. Je suis fatigué et malade, ils ne voudraient pas qu’il m’arrive quelque chose sur la route », expliquait dans les colonnes du quotidien Le Monde, non sans ironie, Azouaou Hamou Lhadj.
Lecteur assidu de l’organe de presse clandestin du Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS), militant de la cause culturelle berbère, puis encarté au Rassemblement culturel pour la démocratie, l’un des rares partis prônant la laïcité, il était prédestiné, à l’en croire, à lutter pour une Algérie libre. « Je viens d’une famille de combattants de l’indépendance et mon voisin à Michelet, mon village d’origine, en Kabylie, était Tahar Djaout [écrivain assassiné en 1993 lors d’un attentat islamiste]. A Reghaïa, en banlieue d’Alger, j’étais le voisin et l’ami de Mohamed Benchicou, le patron du journal Le Matin. Comment aurais-je pu me défiler ? ».
Il a d’ailleurs aussi participé à la révolte de 2001 en Kabylie, désormais appelée « printemps noir ».
Nadia B