Si ce n’était du bruit incessant de l’hélicoptère de la police, surveillant la ville, et des images du vote diffusées en boucle sur toutes les chaînes publiques et privées, on pourrait croire que c’est une journée d’été tout à fait normale.
Ce matin, à l’ouverture des bureaux de vote, les téléspectateurs ont eu droit à un spectacle surprenant : de longues chaînes de jeunes impeccablement rasés, vêtus de jeans et baskets, se précipitant vers les urnes comme s’ils couraient vers une vente flash.
Un véritable défilé de mode électoral !
Depuis l’ère de Bouteflika, les Algériens ont pris l’habitude de voir des militaires en tenue civile se précipiter vers les bureaux de vote en masse, sans que les commentateurs n’y trouvent à redire, même si tout le monde sait que ce n’est pas vraiment une surprise.
Dans les rues, les marchés et commerces sont ouverts comme un samedi ordinaire, et les jeunes sont attablés dans les cafés, comme si de rien n’était.
Mais sur les réseaux sociaux, l’ambiance est plutôt électrique.
Sur les réseaux sociaux, on y trouve des vidéos de jeunes qui, avant-hier, dansaient dans le stade olympique d’Oran, lors du match de l’équipe nationale, en chantant « Wallah, ma nvoté, wallah, ma novté, Haragas fi boty » – c’est-à-dire « On jure qu’on ne votera pas et qu’on partira sur une barque » – ainsi qu’une autre vidéo où des jeunes lançant des invectives adressées à un groupe de pro-Tebboune déployant une banderole avec l’effigie du président.
La vedette du jour ?
Sur les gradins du stade Hadefi Miloud, un vieux spectateur venu de Mascara, a décidé de faire la fête et de danser comme si c’était son anniversaire.
Mais lorsque ce monsieur a essayé de motiver les jeunes à aller voter, il a été accueilli par une pluie de huées, de sifflets et une salve d’invectives.
En parallèle, les boycotteurs continuent de faire le buzz en publiant des vidéos datant de novembre et décembre 2019, appelant à boycotter les urnes. Une véritable opération de communication rétro pour rappeler que le scepticisme électoral est toujours bien vivant.
En somme, l'atmosphère actuelle en Algérie est teintée d'une inquiétude grandissante face aux départs massifs et incessants des jeunes sur les barques et chalutiers en direction de l'Europe.
Alors que ces embarcations deviennent le symbole d'une quête désespérée, l'esprit des jeunes – majoritaire dans le pays – vogue à travers les flots, emportant avec lui, les espoirs et les rêves d'une génération en quête d'un avenir meilleur.
Yacine M
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