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L'opposition muselée : le ralliement forcé du FFS

Le premier secrétaire du FFS, Youcef Aouchiche
Le premier secrétaire du FFS, Youcef Aouchiche

Le discours du nouveau chef du FFS samedi, appelant à faire des concessions au régime, acte le renoncement du plus vieux parti d'opposition à son rôle historique de contre-pouvoir. Un revirement symptomatique de la tendance préoccupante au rétrécissement de l'espace politique dans le pays.


Samedi 30 septembre, le Front des forces socialistes (FFS) célébrait en grandes pompes le 60ème anniversaire de sa création. Lors de son discours, le premier secrétaire Youcef Aouchiche a créé la surprise en appelant à « faire des concessions » au pouvoir et à parvenir à un « consensus ».


«Alors que nous vivons dans ces conditions caractérisées par l’absence d’horizon, nous devons tous être conscients que tout retrait et toute défection, quelle qu’en soit la forme, ne feront qu’aggraver la situation. Jour après jour apparaît la nécessité de s’engager politiquement, de s’organiser, de faire des concessions et de parvenir à un consensus sur des questions fondamentales et cruciales liées au présent et à l’avenir de la nation », a-t-il estimé.


Youcef Aouchiche acte ainsi ni plus ni moins le ralliement du plus vieux parti d'opposition algérien au régime en place. Un revirement idéologique retentissant pour cette formation née en 1963 dans un esprit résolument contestataire et d'opposition farouche aux gouvernements successifs.


Pendant des décennies, le FFS s'est imposé comme LA principale force d'opposition en Algérie, dénonçant inlassablement l'autoritarisme et l'absence de démocratie. Las, son nouveau chef juge désormais nécessaire « l'union nationale » face aux « défis » actuels.


« Nous devons plus que jamais nous préparer à faire face aux défis extérieurs qui en découlent, et nous n’avons d’autres choix que de participer avec toutes les cartes dont nous disposons à façonner ce système international afin que nous puissions avoir un avenir et un rôle dans celui-ci ».


Pour nombreux observateurs de la scène politique, derrière ce discours de façade se cache en réalité une logique de renoncement à l'esprit contestataire originel du FFS et un ralliement pur et simple au système en place. 


D’ailleurs, pendant qu'il prônait des concessions, une partie de l'assistance scandait « nous sommes encore des opposants ». Un slogan souvent utilisé lors des meetings organisés par le parti du temps de feu Hocine Ait Ahmed.


En effet, cette orientation conciliante du nouveau premier secrétaire ne fait pas l'unanimité parmi les militants historiques.


Ainsi, Abbes Hamadene, ancien conseiller de feu Hocine Ait Ahmed a dénoncé ce revirement en déclarant : « L’appareil actuel du FFS a tourné le dos à l’histoire de ce grand parti, à son identité et à ses valeurs fondatrices. La place du parti fondé par Ait Ahmed et ses compagnons est d’être aux côtés du peuple et non pas de servir l’agenda du pouvoir. »


Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont aussi vivement fustigé ce qu'ils qualifient de « trahison » des idéaux fondateurs du parti et sa « soumission » au régime.


Ce revirement n'est pas anodin. Il reflète la tendance préoccupante au rétrécissement constant de l'espace politique algérien, maintes fois dénoncée par les organisations internationales.


Le 29 septembre encore, le Rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme s'alarmait des « restrictions croissantes » pesant sur les libertés politiques et le droit à la dissidence dans le pays.


Affaibli par les dissensions internes, le FFS choisit la facilité en pactisant avec le pouvoir.


Ce renoncement à jouer son rôle historique de contrepoids démocratique ne fera qu'accentuer l'étouffement du débat politique en Algérie.


Un accroc supplémentaire au pluralisme, au détriment de tous les Algériens aspirant légitimement à une véritable alternative politique crédible.


Sophie K.


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