Hier, jeudi 19 septembre, le collectif des Journées Littéraires d'Oran, « JOLI OR », a organisé une conférence-débat animée par l'historienne Malika El Korso, autour de son ouvrage « Lettre à Zoulikha », qui traite des lettres de prison de la Moudjahida Zoulikha Benzine épouse Inal.
L'événement s'est déroulé dans l'espace « Mémoires et Histoire », situé sur le boulevard Emir Abdelkader, au cœur d'Oran.
C’est terriblement poignant de voir comment des lettres manuscrites de prisonnières, comme celles de la Moudjahida Zoulikha, peuvent éveiller en nous une palette d’émotions.
Plonger dans une lettre manuscrite, c'est s'immiscer dans l'intimité profonde de l'âme du rédacteur.
Chaque style d'écriture, chaque nuance d'encre, chaque choix de papier tisse une histoire, évoquant des sentiments d'affection et d'attachement indélébiles.
L'expérience s'intensifie encore davantage face aux lettres de prison, rédigées par des femmes courageuses durant la guerre d'indépendance.
Ces mots, empreints de souffrance et d’espoir, nous transportent dans le silence oppressant des pénitenciers nocturnes, dans les ténèbres d'un passé colonial lourd.
Leurs voix étouffées résonnent dans les centres de torture et les camps d'Orléansville, de Lambeze, de Serkadji, du camp Morand, de Boghare et de Fernand-ville.
Ce silence, semblable à un bâillon, étouffe les cris de liberté, les lamentations des agonisants, les derniers soupirs face à la guillotine.
Les grincements des lourdes portes de fer, le cliquetis des menottes, et le froid implacable des geôles tortueuses deviennent des échos d'une douleur partagée.
Dans ce contexte, "À Zoulikha" se présente comme une anthologie poignante, une compilation de lettres de femmes détenues, toutes unies par le rêve audacieux d'une Algérie libre et indépendante.
Pour l’historienne Malika El Korso, la lecture des lettres révèle une Zoulikha attachante, attentionnée, lucide et résolue, au tempérament rassembleur.
La Moudjahida Zoulikha Benzine, épouse Inal et sœur de Abdelhamid Benzine, s'est éteinte en 2012 à l'âge de 71 ans.
Issue d'une famille de lettrés, de martyrs et de journalistes, elle a partagé des liens d’amitié avec des figures emblématiques telles que Kateb Yacine et M'hamed Issiakhem.
Née à El Kseur, dans la région de Béjaïa, elle a grandi dans un foyer où son père exerçait en tant que Kadi judiciaire. Elle a fréquenté l'école coranique ainsi que l'école primaire française d'Aïn El Arous, située à seulement 8 km de leur domicile familial.
Ce livre est un précieux document historique, une lecture de chevet qui nous invite à nous réconcilier avec notre passé.
Yacine M