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Le centre culturel algérien rendra hommage à Mohamed Boudia le 23 juin prochain


Le 28 juin 1973, Mohamed Boudia (1932-1973) militant de l’indépendance algérienne qui avait poursuivi le combat en aidant des combattants palestiniens était assassiné à Paris par le Mossad.



Le 23 juin 2023, un hommage lui sera rendu au Centre Culturel Algérien « pour rappeler son engagement militant pour une Algérie indépendante et internationaliste au côté du peuple palestinien et évoquer son action pour un théâtre et une culture populaire ».


À cette occasion, le portrait de Mohamed Boudia réalisé par Mustapha Boutadjine sera remis à son fils Rachid.


Nous publions le programme de cet hommage, ainsi qu’une présentation de Mohamed Boudia par Nils Andersson et la notice que le Dictionnaire Algérie du Maitron lui a consacré.


Vendredi 23 juin 2023 à 18h30,


171, rue de la Croix-Nivert, 75015 Paris

Il y a 50 ans, le 28 juin 1973, Mohamed Boudia était assassiné, rue des Fossés Saint-Bernard Paris. Un hommage lui est rendu au cours d’une soirée qui donnera lieu à :


  • Une projection de Sur les traces de Mohamed Boudia (52 mn), un documentaire de Mohamed Zaoui et Smaïl Déchir. Illustrations de l’artiste peintre Mustapha Sedjal

  • Une projection d’une séquence (5 mn) du documentaire Français, si vous saviez avec Mohamed Boudia

  • Des lectures d’un poème de Mohamed Boudia et d’un poème-hommage de Lise Medinipa Jennifer Pandovzki

  • Un débat autour du livre Mohamed Boudia, Œuvres, écrits politiques, théâtre, poésie et nouvelles

Avec la participation de :

Nils Andersson, éditeur et militant anticolonialiste

Luc Chauvin, éditeur du livre Mohamed Boudia. Œuvre, écrits politiques, théâtre, poésie et nouvelles

Rachid Boudia, fils de Mohamed Boudia

Mohamed Zaoui et Smaïl Déchir, coréalisateur de Sur les traces de Mohamed Boudia.



Mohamed Boudia, par Nils Andersson:


Il y a 50 ans, le 28 juin 1973, Mohamed Boudia était assassiné rue des Fossés Saint-Bernard par le Mossad.


Mohamed avait un long passé militant ; enfant de la Casbah d’Alger, il rejoint le FLN dès le début de la lutte de libération.


Membre de l’OS, il est du commando ayant réalisé l’opération de Mourepiane (France), lors de laquelle furent incendiés des dépôts de pétrole ; il faudra plusieurs jours pour circonscrire l’incendie. Arrêté, avec quatorze frères, il est déféré en janvier 1960 devant le tribunal de Marseille.


Lors du procès Mohamed, défense de rupture, crée un incident.


Le nom de Me Ould Aoudia, assassiné devant la porte de son cabinet par la Main Rouge, ayant été cité en audience, il interpelle le tribunal : « Puisqu’il est question de Me Ould Aoudia, je demande à toute l’assistance d’observer une minute de silence à sa mémoire. »


Tous les accusés revendiquent leur engagement pour la cause nationale et leurs actes. Au terme du procès, Mohamed Boudia est condamné à vingt ans de prison.


Il connaîtra plusieurs prisons : les Baumettes, Fresne, la Santé, puis celle d’Angers, d’où il s’évade.



Boule de vie, homme d’action, mais aussi homme de création.


L’écriture et le théâtre sont indissociables de son engagement.


En prison, il écrit deux pièces de théâtre, Naissance et L’Olivier.


L’Olivier sera joué dans l’enceinte de la prison de Fresnes.


Comme homme de théâtre, Mohamed s’inscrit totalement dans les débats d’alors sur la fonction populaire du théâtre et sur le rôle émancipateur du texte, dont Jean Vilar et le TNP sont porteurs, mais aussi, il adhère à la vision du théâtre de Bertold Brecht, comme instrument d’une prise de conscience politique,


L’Algérie indépendante, Mohamed Boudia est nommé administrateur du Théâtre National Populaire Algérien ; il fonde la revue Novembre, participe à créer "Alger ce soir".


Dans sa très belle introduction au livre Mohamed Boudia, Œuvres, Luc Chauvin écrit : « Entre ‘‘naissance d’une Nation’’, la mise en place d’une politique qui se veut révolutionnaire et populaire et l’engouement national et international qui brasse un nombre impressionnant d’individualités dans les rues rebaptisées au nom des martyrs fraichement tombés », Mohamed Boudia s’engage, s’exprime et agit sur tous les terrains politiques et culturels.


Et, dans cette continuité que Mohamed, militant prêt au sacrifice de sa vie pour l’indépendance de son pays, devient militant internationaliste prêt au sacrifice de sa vie pour l’indépendance du peuple palestinien.


Son action s’inscrit dans une logique décoloniale révolutionnaire, celle de la devise de l’OS de l’ANC, fondée par Nelson Mandela, Umkhonto we Sizwe : « Œil pour œil, dent pour dent, mort pour mort. » Mohamed se savait recherché, son expérience de la clandestinité était grande, les moyens du Mossad et les complicités du colonialisme étaient plus forts.



Comme militant et comme homme de culture, Mohamed Boudia incarne les espoirs et les volontés des peuple colonisés, ce qu’il exprime dans ce poème : « Il faudra longtemps » :


« Longtemps encoreet tout ce

Qui brise

Qui brûle

Animerons nos muscles avides de

Serrer l’amour

Une fois pour toutes. »



Mohamed Boudia, né le 24 février 1932 à la Casbah d’Alger ; assassiné à Paris le 28 juin 1973 dans l’explosion de sa voiture ; homme de théâtre en France et écrivain révolutionnaire, à Dijon puis à Paris ; à partir de 1955, activiste de l’Organisation spéciale de la Fédération de France du FLN ; arrêté en 1958, évadé de la prison de Fresnes en 1961 prenant place dans la troupe de théâtre du FLN à Tunis ; directeur du théâtre national algérien (1963-1965) ; en exil en France (Théâtre de l’Ouest parisien à Boulogne-Billancourt), activiste de la cause palestinienne.



La rédaction

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