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Les nouvelles formes de harcèlement en Algérie: du “rouleau compresseur” à la surveillance “hyperfeutrée”

Dans son rapport 2024 sur la situation des libertés en Algérie, Boukhalfa Ben Mamar, cadre de l’ONG Riposte Internationale, révèle une évolution inquiétante des méthodes de harcèlement employées par les autorités. “Nous ne sommes plus dans ce rouleau compresseur de 2020-2021”, explique-t-il, “nous sommes plutôt dans quelque chose d'hyperfeutré”.

 

Cette nouvelle approche se manifeste notamment par une surveillance constante mais discrète des personnes ciblées. “Un syndicaliste, un politique, un artiste, ça peut être un chanteur, ça peut être un auteur, un interprète, voit autour de chez lui un ballet incessant de véhicules banalisés”, détaille Ben Mamar. Il précise qu' “en Algérie, tout le monde sait que les véhicules banalisés, quand ils sont au nombre de 3, 4, 5, voire plus, créent un état anxiogène”.

 

Le rapport documente également des violations systématiques des procédures légales lors des interpellations. “L'État viole ses propres dispositions sur les arrestations qui ne respectent pas les horaires légaux d'interpellation”, souligne Ben Mamar. Ces méthodes, qui “s'apparentent plus à du kidnapping”, ont un objectif précis selon lui : “Il faut frapper l'imaginaire, il faut le frapper de la manière la plus négative possible”.

 

Cette situation a d'ailleurs fait l'objet de plusieurs rappels à l'ordre par les institutions internationales, notamment lors de l'Examen Périodique Universel de l'Algérie. Cependant, Ben Mamar constate une détérioration significative. “Sur 2023-2024, [les recommandations] n'ont pas été déjà respectées, au contraire. On est vraiment passé, sur le plan institutionnel, d'un état autoritaire à une dictature, je pèse mes mots et c'est extrêmement important puisque nous sommes dans un verrouillage multiforme et à visage multiple”, dit-il.

 

Ce durcissement s'inscrit dans un contexte plus large de restrictions des libertés, notamment avec l'application de l'article 87 bis du code pénal. Ben Mamar explique que désormais, “pour ne serait-ce qu'organiser une petite conférence”, il faut faire face à “un millefeuille administratif où vous devez avoir pas moins de six autorisations, à commencer par le chef de la daïra jusque des fois jusqu'au ministère de l'Intérieur”.

 

Le rapport met également en lumière l'émergence d'une nouvelle forme de chantage : “Le chantage à la rentrée ou à la sortie”, où les citoyens doivent “renoncer à [leurs] convictions pour pouvoir circuler”. Une situation que Ben Mamar qualifie d' “inimaginable”, illustrant ainsi l'ampleur du contrôle exercé sur la société civile algérienne.

 

Au moment de la présentation de ce rapport, une situation particulièrement préoccupante a été signalée. “23 détenus sur l'ensemble du territoire qui sont en grève de la faim”, révélant l'urgence de la situation dans ce que Ben Mamar décrit comme “l'univers carcéral algérien qui reste l'un des plus féroces”.



La Rédaction

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