Depuis longtemps, la centrale des travailleurs UGTA a abandonné sa vocation syndicale pour se mettre au service du pouvoir en place. Elle a ainsi rejoint l’alliance présidentielle de l’ancien régime, arborant un costume et une cravate au lieu de sa blouse professionnelle.
L’UGTA a déserté le champ des luttes syndicales, qu’elle monopolisait sous le parti unique, au profit du pouvoir en place.
Face à ce vide, les syndicats autonomes ont éclos dès octobre 88, profitant de la loi sur le multi syndicalisme. En peu de temps, ces syndicats autonomes ont conquis presque tous les secteurs d’activités, y compris l’industrie avec le COSYFOP, et la fonction publique avec le SNAPAP et d’autres.
L’UGTA a alors endossé un autre rôle : celui d’un pompier au service du patronat et d’un répressif licenciant sans scrupule tous les syndicalistes revendicatifs.
L'ancien secrétaire général, Abdelmadjid Sidi Saïd, jadis farouche avocat des oligarques, s'est élevé au rang de ces derniers a été emporté dans le tourbillon du Hirak, lui et son fils, jusqu'à leur incarcération à la sinistre prison d'El Harrach.
Pendant un bref laps de temps, l'UGTA, sous l’égide d’une nouvelle équipe, semblait avoir conquis une forme d'indépendance, seulement pour être rappelée à l'ordre, revenant désormais se fondre dans l'orbite des autorités.
Aujourd'hui avec l’avènement des nouvelles lois sur le syndicat et l’interdiction des grèves, le nouveau secrétaire général Amar Takdjout, a lancé un chantier de restructuration de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA).
Dans le cadre de sa stratégie visant à recentrer l’activité de la centrale syndicale vers l’immobilisme, il a réduit l'équipe dirigeante de quinze à neuf membres, y incluant trois femmes, une première pour l'UGTA .
L'Histoire se réitère en utilisant l'ancienne recette, créant du neuf à partir de l'ancien.
Ce parcours mouvementé de l'UGTA, oscillant entre son rôle syndical originel et sa proximité avec le pouvoir en place, est un rappel saisissant des transformations et des défis qui façonnent le paysage syndical.
La restructuration en cours, sous la direction de Amar Takdjout, marque un nouveau chapitre dans l'histoire de l'UGTA. L'avenir dira si cette organisation évoluera vers une véritable représentation des travailleurs ou restera ancrée dans l'immobilisme.
Une chose demeure certaine : les enjeux du syndicalisme en Algérie sont plus complexes que jamais, et l'UGTA est désormais inextricablement liée à cette réalité en constante évolution/régression.
Yacine M