La transition politique en cours en Guinée depuis le coup d'État de 2021 se fait au détriment des libertés fondamentales, en premier lieu la liberté d'expression, pourtant essentielle en période électorale.
Censé rectifier les dérives autoritaires du régime précédent, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) au pouvoir se rend coupable d'atteintes répétées à la liberté de la presse et au droit à l'information des Guinéens. Et ce, en dépit d'une récente condamnation de la Guinée par la Cour de justice de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour entrave à la liberté d'expression.
Selon Amnesty International, « Les violations du droit à la liberté d'expression sont désormais permanentes, et s’ajoutent à celles du droit de réunion pacifique entre autres. Les autorités guinéennes ont choisi de tourner le dos aux droits les plus élémentaires garantis par le droit international ».
Depuis janvier 2023, l'accès à internet et aux réseaux sociaux a été entravé à maintes reprises sans justification. Plusieurs sites d'information critique et stations de radio populaire ont été l'objet de blocage, de brouillage, voire de fermeture administrative abrupte.
Certains médias pointent du doigt la mainmise grandissante des autorités de transition sur l'information. « On assiste à l'instauration rampante d'une censure durable des médias numériques et hertziens dans notre pays », s'inquiète le Président de l’Association des blogueurs de Guinée (Ablogui) co-dépositaire de la plainte auprès de la Cour de justice de la Cédéao, Alfa Diallo.
« Le signal de notre radio est régulièrement brouillé depuis des mois. À la place de nos émissions, nous entendons de la musique militaire », témoigne le directeur de la radio FIM FM.
Pour Amnesty International, « la volonté des autorités de persister dans le contrôle de l’information et de limiter l’expression des opinions critiques est un signal alarmant ».
Ces entraves à la liberté de la presse s'inscrivent dans un climat de restrictions croissantes des libertés publiques sous la transition. Elles contrastent singulièrement avec l'engagement affiché des autorités d'organiser une élection présidentielle libre et transparente en 2024.
La multiplication de ces violations fragilise un peu plus l'État de droit et hypothèque la réussite du processus électoral en Guinée. Elle compromet aussi les chances du pays de sortir de décennies d'instabilité politique et de retard de développement.
SOPHIE K.
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