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Libérations et contraintes: Le visage changeant de l'Algérie

  • cfda47
  • 9 déc. 2024
  • 2 min de lecture

Le 10 décembre 2024, Journée internationale des droits de l'homme, l'Algérie dévoile un panorama sociopolitique aux reflets changeants. Cette complexité trouve son origine dans un contexte de tensions qui ont marqué l'année écoulée.

 

En effet, l'année 2024 a révélé un paysage où les autorités ont maintenu un contrôle serré sur les espaces de liberté, resserrant l'étau autour des libertés fondamentales. Cette politique de restriction se manifeste concrètement par la surveillance étroite de chaque espace de dialogue citoyen : expression, réunion, association.

 

Cette politique de verrouillage trouve un écho particulièrement éloquent dans le classement médiatique international. L'Algérie pointe à la 136e place du classement de la liberté de presse, un indicateur qui traduit sans ambiguïté les entraves systémiques à l'information et à la libre circulation des idées.

 

Le secteur éditorial illustre de manière particulièrement saillante cette politique de contrôle. Au cœur de cette trajectoire restrictive se trouve le Salon International du Livre d'Alger (SILA) 2024, qui est devenu le théâtre d'une censure croissante. Emblématique de ces tensions, Koukou Éditions a été exclue du salon, prolongeant une interdiction déjà active en 2023. Le tribunal d'Hussein Dey a systématiquement rejeté la plainte de l'éditeur contre la commission de censure du ministère de la Culture.

 

L'étau semble se resserrer progressivement. Aux côtés de Koukou Éditions, d'autres maisons d'édition, comme les Éditions Frantz Fanon, subissent également ces mesures d'ostracisation. Le ministère de la Culture a mis en place un dispositif de contrôle serré : obligation de présenter les ouvrages dans leur intégralité pour obtenir un ISBN, inspections régulières des stands, laissant transparaître l'existence présumée d'une “blacklist” d'auteurs.

 

Cependant, dans ce tableau apparemment monochrome, un événement est venu introduire une nuance inattendue. Le 1er novembre 2024, le président Tebboune a signé des décrets de grâce libérant plus de 4 000 détenus, geste à la portée symbolique forte qui suggère une possible inflexion politique.

 

Parmi ces libérations, certaines concentrent l'attention et portent en elles une promesse de changement. Ihsane El Kadi, journaliste et directeur de Radio M, retrouve la liberté après 22 mois de détention. Avec lui, Mohad Gasmi, militant anti-gaz de schiste, et Mohamed Tadjadit, poète du Hirak, incarnent ces voix citoyennes qui refusent le silence.

 

Le choix de la date - anniversaire du déclenchement de la guerre d'indépendance - ajoute une dimension historique à ces libérations. Elles semblent porter en elles une charge symbolique puissante, suggérant un possible dégel dans un système longtemps verrouillé.

 

Malgré cet élan, l'horizon politique demeure chargé de nuances complexes. Les restrictions législatives, les poursuites judiciaires et les limitations des espaces démocratiques persistent, rappelant que le chemin vers une pleine reconnaissance des libertés reste long et sinueux.

 

Dans ce contexte, la société civile et les organisations internationales maintiennent une vigilance active. L'enjeu dépasse largement les frontières algériennes : il s'agit de la capacité d'une société à faire vivre les principes universels de liberté, de dignité et de respect.

 

Ainsi, l'Algérie de 2024 se dessine comme un territoire de paradoxes : ni totalement verrouillé, ni complètement ouvert. Un pays en transition, où chaque geste politique peut basculer entre répression et espérance, entre le poids de l'histoire et la promesse d'un avenir différent.



La Rédaction

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