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Mme Dutour au Président Tebboune: “Rendez-nous nos enfants, vivants ou morts, et dites-nous enfin la vérité”

À l’occasion de la Journée mondiale des droits de l’homme, Nassera Dutour, présidente du Collectif des Familles de disparus en Algérie (CFDA), s’est exprimée sur la situation des droits humains en Algérie, où elle a souligné que la situation reste inchangée depuis plusieurs années. “Nous assistons à une continuité, avec des reculs significatifs en matière de droits et libertés”, a-t-elle déclaré, faisant référence à des épisodes marquants de répression.


Madame Dutour a rappelé les événements du 29 février dernier, lorsque les forces de sécurité ont empêché la tenue d’un séminaire sur la justice transitionnelle. “La police a encerclé nos locaux dès l’aube, bloquant tout accès et intimidant les participants en prenant leurs pièces d’identité en photo”, a-t-elle expliqué.


Elle a également évoqué une situation similaire survenue lors d’une projection-débat prévue pour la Journée internationale des droits des femmes, où même la femme de ménage de l’association a été arrêtée et interrogée sur « ses liens avec Dutour ».


Pour la militante, cette répression illustre un climat de censure croissante, pire encore que celui du régime du parti unique : « Nous avons connu des jours meilleurs, où il était possible d’organiser des activités, même sous étroite surveillance. Aujourd’hui, même cela nous est interdit. »


Interrogée sur les récents événements en Syrie, où la chute du régime Bachar al-Assad a permis de retrouver des survivants parmi les disparus forcés de longue date, Dutour a partagé ses sentiments d’émotion et d’espoir : « Ces images m’ont bouleversée. Voir des êtres humains sortir vivants de l’enfer après des années d’horreur m’a donné une décharge électrique. Je me suis dit que mon fils, disparu en 1997, pourrait lui aussi être encore vivant. »


Cependant, cet espoir est accompagné d’un lourd fardeau émotionnel : « Quand j’écoute des témoignages de torture, je me demande si je dois espérer qu’il ait survécu ou s’il aurait mieux valu qu’il soit mort dès le premier jour, pour échapper à cette souffrance. »


Nassera Dutour a tenu à souligner que son combat n’est pas dirigé contre l’Algérie, mais pour la vérité et la justice : « Nous ne sommes pas les ennemis de l’État ni de la nation. Tout ce que nous demandons, c’est de savoir ce qui est arrivé à nos proches. Ceux qui ont commis ces crimes doivent avoir le courage de le reconnaître. »


Madame Dutour a adressé un message poignant au président Tebboune : « Rendez-nous nos enfants. Qu’ils soient vivants ou morts, dites-nous la vérité. Ceux qui sont vivants, laissez-les rentrer chez eux pour que nous puissions vivre ce qu’il nous reste en paix. Ceux qui sont morts, donnez-nous leurs corps pour que nous puissions les enterrer et avoir un lieu où pleurer nos morts. »


Nadia. B

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