Suite au verdict rendu par le Conseil constitutionnel, qui a validé et proclamé la victoire du candidat Abdelmadjid Tebboune, l’attention des Algériens, des médias, des partis politiques et des analystes s’est immédiatement portée sur l’ANIE, l’Autorité nationale indépendante des élections.
Cette institution, chargée de garantir la transparence et l’intégrité du processus électoral, a laissé une impression de défaillance grave lors des élections présidentielles de 2024.
Il est particulièrement troublant de constater le comportement du président de l’ANIE, Mohamed Charfi, qui a modifié de manière significative le taux de participation le jour même du scrutin, passant de 23 % à 48 % entre 17 heures et 20 heures.
Cette révision soudaine soulève de sérieuses interrogations quant à la rigueur et la transparence du processus électoral.
De surcroît, l’attitude de Mohamed Charfi et son refus de divulguer le taux de participation à 17 heures le 8 septembre, suivis de la publication de son communiqué tard dans la nuit, ont contribué à alimenter la confusion.
Ce communiqué, diffusé après les dénonciations des trois candidats sur les incohérences des chiffres, semble témoigner d’une volonté de l’autorité de se désengager de ses responsabilités en renvoyant la gestion de cette crise au Conseil constitutionnel.
À la suite de ces événements, un nombre croissant de voix s’est élevé contre Mohamed Charfi, le qualifiant de manipulateur, fraudeur et, surtout, d'incompétent.
Cette condamnation est d'autant plus significative qu'elle provient même de la presse pro-gouvernementale, révélant un profond mécontentement et un désir croissant de voir sa responsabilité engagée.
Or, l’analyse du parcours de Mohamed Charfi, juriste et ancien ministre nommé à la tête de l’ANIE en 2019 par feu le général Gaïd Salah, révèle un personnage étroitement lié aux pouvoirs en place et un parfait commis de l’Etat.
Charfi, dont la nomination s’inscrit dans le contexte politique de l’époque, apparaît comme un fidèle serviteur du régime.
En tant que président de l’ANIE, il est soutenu par une équipe de vingt membres, en plus des autres cadres de l’institution, ce qui accentue sa responsabilité dans la gestion des élections ; ce qui élimine aussi l’hypothèse de l’erreur ou de l’incompétence.
Dans ce contexte, il est difficile de comprendre comment une telle erreur, telle que l’omission de l’annonce du taux de participation, a pu se produire.
Cette omission va à l'encontre des pratiques habituelles de gestion électorale, où les chiffres sont généralement ajustés avec une grande discrétion pour favoriser les candidats du système.
À mesure que le temps passe, il devient apparent qu’une crise politique au sommet de l’État pourrait être à l’origine de ce dysfonctionnement.
L'ampleur de la situation révèle un taux de boycott réel d'environ 76 %, largement accepté par l’opinion publique.
Ce taux de rejet témoigne d’un profond désaveu des élections présidentielles de 2024 et, par extension, de la réélection d’Abdelmadjid Tebboune.
Ce retournement met en lumière une fracture entre les différentes parties du pouvoir en place, soulignant les défis auxquels est confronté le régime actuel.
Mohamed Charfi, ainsi que les commanditaires derrière lui, ont orchestré un coup de Jarnac en révélant le chiffre crucial et réel de l'adhésion populaire, mettant en lumière le profond désaveu du président Abdelmadjid Tebboune après cinq années de mandat.
Ce geste stratégique semble viser à exposer au président lui-même l’ampleur réelle de sa popularité tout en maintenant, paradoxalement, sa réélection.
La question qui se pose désormais est de savoir si les commanditaires de cette manœuvre envisagent de sacrifier Mohamed Charfi pour restaurer l'équilibre des pouvoirs en Algérie ou s'ils choisiront de le maintenir en poste malgré les turbulences ?
La réponse à cette interrogation pourrait se préciser dans les jours à venir, offrant ainsi aux Algériens une vision plus claire sur l'avenir de Charfi et les répercussions de cette crise politique.
Yacine M
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