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Mémoires d'une lutte oubliée: Brahim Ouchelh brise le silence sur le Maroc des années 60-70

Dans un ouvrage aussi révélateur qu'audacieux, le militant socialiste marocain Brahim Ouchelh lève le voile sur une période charnière et tumultueuse de l'histoire contemporaine du royaume chérifien. Publié aux éditions Les trois colonnes, ce récit autobiographique intitulé «Maroc : L'engagement d'une génération » s'impose comme un témoignage capital sur les vicissitudes politiques des années 1960 et 1970 au Maroc.

 

Ouchelh, figure emblématique de l'Union nationale des forces populaires (UNFP), nous plonge dans les méandres d'une époque marquée par l'effervescence révolutionnaire et les velléités de renversement de la monarchie. Avec une plume incisive et sans concession, l'auteur décortique les rouages des mouvements contestataires et dévoile les dessous des tentatives de putsch qui ont jalonné cette ère trouble.

 

« En appelant la jeunesse marocaine à poursuivre la lutte pour la justice et l'État de droit, l'auteur souligne l'importance de la mémoire historique et des sacrifices des générations précédentes », souligne l'éditeur. Cette exhortation à la vigilance civique résonne comme un leitmotiv tout au long de l'ouvrage, rappelant l'impérieuse nécessité de perpétuer l'héritage militant.

 

L'odyssée politique d'Ouchelh, de sa formation académique à Rabat jusqu'à son exil parisien, en passant par son engagement au sein de l'UNFP et sa participation à l'une des tentatives de coup d'État, offre un panorama saisissant des forces antagonistes qui ont façonné le paysage politique marocain. Son implication dans la branche armée de l'UNFP témoigne de la radicalisation des mouvements d'opposition face à l'autoritarisme monarchique.

 

L'auteur ne se contente pas de narrer les épisodes tumultueux de cette période. Il analyse avec acuité les dynamiques sous-jacentes qui ont conduit à l'émergence d'une conscience politique nouvelle. Son récit s'attarde notamment sur les prémices de la transition démocratique, incarnée par l'avènement du gouvernement d'alternance en 1998 sous l'égide d'Abderrahmane Youssoufi, ainsi que sur la création de l'Instance équité et réconciliation (IER) sous le règne de Mohammed VI.

 

« Comprendre les racines de la transition démocratique et la réconciliation nationale sous Mohammed VI » constitue l'un des axes majeurs de réflexion développés par Ouchelh. Cette analyse rétrospective permet de saisir les enjeux contemporains de la gouvernance marocaine, tout en mettant en exergue les défis persistants en matière de droits humains et d'État de droit.

 

L'ouvrage se veut également un plaidoyer pour la préservation de la mémoire collective. En exhumant des « aspects méconnus » de l'histoire récente du Maroc, Ouchelh s'adresse tant aux historiens qu'à la diaspora marocaine et à la jeunesse francophone du royaume. Il invite à une relecture critique du passé, indispensable à la construction d'un avenir politique éclairé.

 

« Maroc : L'engagement d'une génération » s'impose comme une œuvre de référence pour quiconque cherche à appréhender les soubresauts politiques qui ont façonné le Maroc moderne. Au-delà du simple témoignage, c'est un véritable manifeste pour la démocratie et la justice sociale que nous livre Brahim Ouchelh, appelant à une vigilance constante face aux dérives autoritaires et à la perpétuation des idéaux progressistes.

 

En définitive, cet ouvrage constitue une contribution majeure à l'historiographie politique du Maroc, offrant une perspective inédite sur les luttes intestines et les aspirations démocratiques qui ont animé toute une génération de militants. Il rappelle avec force que l'engagement politique, loin d'être un vestige du passé, demeure un impératif catégorique pour façonner l'avenir d'une nation en quête perpétuelle de progrès et d'émancipation.



Sophie K.

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