Dans un contexte de relations diplomatiques normalisées entre le Maroc et Israël, Ismail Lghazaoui, militant du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), se trouve confronté à des poursuites judiciaires qui pourraient le conduire jusqu'à un an de prison.
Arrêté le 19 novembre 2023 à Casablanca, cet ingénieur agronome de 34 ans est poursuivi pour avoir publiquement dénoncé l'arrivée de deux navires cargo Maersk, suspectés de transporter du matériel militaire vers Israël. Les autorités marocaines l'accusent d'incitation à la violence, sur la base de l'article 1-299 du Code pénal, qui prévoit des peines allant de trois mois à un an d'emprisonnement et une amende pouvant atteindre 5 000 dollars.
Son action s'inscrit dans un mouvement de protestation plus large contre la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, intervenue en 2020. Avec d'autres militants, Lghazaoui a appelé les travailleurs portuaires à bloquer l'arrivée de ces navires. À Tanger, son appel a trouvé un écho, avec des travailleurs portuaires refusant de décharger les navires.
Les enjeux de cette affaire dépassent la simple poursuite d'un individu. Elle soulève des questions cruciales sur la liberté d'expression au Maroc, en particulier dans un contexte de relations diplomatiques sensibles. Le conflit à Gaza a exacerbé les tensions et multiplié les manifestations pro-palestiniennes dans le royaume.
La procédure judiciaire est actuellement en cours. Le tribunal de Casablanca a rejeté les demandes de liberté provisoire de Lghazaoui, et son procès est programmé pour le 10 décembre 2024. Son équipe juridique souligne son casier judiciaire vierge et conteste la décision du tribunal.
L'affaire a rapidement mobilisé la société civile. L'Association Marocaine des Droits Humains (AMDH) exige la libération immédiate du militant. Le mouvement BDS mondial dénonce, quant à lui, une “atteinte grave aux libertés fondamentales”.
Sophie K.
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