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Sahara occidental: une délégation d'observateurs des droits humains expulsée par les autorités marocaines

Une délégation espagnole composée de deux observateurs des droits humains et d'une journaliste a été expulsée de l'aéroport de Laâyoune au Sahara occidental, selon un communiqué diffusé par l'Association des familles de prisonniers et de disparus sahraouis (AFAPREDESA), cité par la Sahara Agence presse.

 

Jesus Maestro, ancien député des Cortes d'Aragon et délégué de l'Association Um Draiga, et Rosa Fernandez, représentante des Amis du peuple sahraoui en Aragon, étaient accompagnés de Gara Santana Suarez, journaliste du média Canarias Ahora/ElDiario.es.


Selon l'AFAPREDESA, la mission avait pour objectif d'observer la situation des droits humains dans les territoires sous contrôle marocain.

 

D'après les informations communiquées par l'association, les trois Espagnols n'ont pas été autorisés à descendre de l'avion à leur arrivée à Laâyoune. Deux individus en civil, ne présentant aucune identification officielle, leur auraient interdit de quitter l'appareil, les contraignant à rester à bord avant d'être renvoyés vers Las Palmas de Gran Canaria.

 

L'AFAPREDESA qualifie cette expulsion d'“arbitraire et violente” et l'interprète comme une illustration du “strict contrôle militarisé” exercé par le Maroc dans la région. L'association souligne que les deux observateurs sont engagés depuis trois décennies dans la défense des droits du peuple sahraoui.

 

Un territoire sous tension

 

Cette expulsion ravive le différend de longue date sur le statut du Sahara occidental, territoire au cœur d'un conflit opposant le Maroc au Front Polisario, qui milite pour l'indépendance de la République arabe sahraouie démocratique

 

Selon l'AFAPREDESA, le Sahara occidental connaît une situation préoccupante en matière de droits humains. L'association affirme que les manifestations y sont interdites, les journalistes censurés et les défenseurs des droits humains persécutés.

 

Le communiqué fait également état de “dizaines de prisonniers sahraouis” détenus “dans des conditions inhumaines” malgré des résolutions des Nations unies exigeant leur libération. L'association évoque par ailleurs 445 Sahraouis portés disparus, ainsi que 127 personnes tuées par des attaques de drones, des centaines de blessés et des milliers de déplacés.

 

Un territoire fortement militarisé

 

L'AFAPREDESA décrit le Sahara occidental comme “l'un des territoires les plus militarisés au monde”, avançant le chiffre de plus de 200 000 soldats marocains et 100 000 agents de sécurité déployés dans la région.

 

L'association affirme également, en se référant à des arrêts de la Cour de justice de l'Union européenne, que seuls 25% des habitants des territoires contrôlés par le Maroc seraient sahraouis, les 75% restants étant présentés comme des “colons marocains installés en violation du droit international”.

 

Les autorités marocaines, qui considèrent le Sahara occidental comme partie intégrante de leur territoire national, n'ont pas commenté cet incident à ce jour. Rabat a régulièrement rejeté les allégations de violations des droits humains dans la région, affirmant œuvrer pour le développement économique et social des provinces du Sud.

 

Le Maroc propose depuis 2007 un plan d'autonomie pour le territoire, qualifié de “sérieux et crédible” par plusieurs pays, dont récemment les États-Unis et plusieurs nations européennes. Cette proposition est cependant rejetée par le Front Polisario et ses soutiens qui continuent de revendiquer un référendum d'autodétermination, prévu initialement dans le plan de règlement de l'ONU de 1991 mais jamais organisé.

 

La Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO), présente sur place depuis 1991, ne dispose pas de mandat pour surveiller la situation des droits humains, une extension de compétence régulièrement demandée par certaines organisations internationales mais refusée par le Maroc.

 

Sophie K.

 
 

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