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Silence électoral et Harga: les défis ignorés de la jeunesse algérienne

Loin des bruits de clôture de la campagne électorale, qui se déroulait dans des espaces festifs cloisonnés, « 101 » âmes – jeunes, familles avec femmes et enfants – embarquent silencieusement à bord d'un chalutier, alors que le soleil se couche sur les rivages de Tipaza.


Le lendemain, lorsque le chalutier accoste enfin sur les côtes espagnoles, les harragas, arrivés sains et saufs, publient des vidéos de leur voyage à bord de l’embarcation.


Il est rare que les passeurs utilisent un chalutier, car habituellement, ce sont des embarcations plus petites, transportant au maximum une trentaine de personnes, qui traversent la Méditerranée.


Il s’avère que ces 101 clandestins ne sont qu’une partie d’un départ massif orchestré en 48 heures : 48 embarcations ont ainsi été mises à l’eau, transportant entre 3 et 101 voyageurs chacune.


Dans ce contexte exceptionnellement favorable en raison d'une météo clémente, les départs massifs de clandestins par mer ont attiré l'attention des internautes, qui ont rapidement établi un lien entre ce phénomène et la campagne électorale achevée.


Les programmes des candidats, qui ont totalement éludé la question de l'émigration clandestine, n’ont pas manqué de susciter des critiques.


En effet, aucun des candidats n’a abordé le drame des milliers de jeunes Algériens prêts à risquer leur vie pour rejoindre l’Europe plutôt que de rester dans une Algérie où ils se sentent condamnés à végéter.


Le phénomène de la Harga, bien que prégnant, est demeuré absent des débats politiques, et les gouvernements successifs ont préféré ignorer un problème qui touche profondément la jeunesse du pays.


Le manque d’opportunités ne réside pas tant dans l’absence de travail que dans l’insuffisance de moyens pour réaliser ses projets et rêves.


L’Algérie peine à offrir un avenir attrayant aux jeunes, accablée par des problèmes persistants tels que le logement, le coût de la vie et la cherté des biens.


Le quotidien des Algériens est marqué par une mal-vie croissante, exacerbée par les pénuries alimentaires et le stress hydrique accentué par une sécheresse de plus en plus sévère.


Rappelons-nous qu’après février 2019, lorsque le vent de la liberté a soufflé sur l’Algérie et que la jeunesse est descendue en masse dans les rues pour réclamer un changement démocratique, le phénomène de la Harga semblait avoir disparu, comme par enchantement.


A ce moment-là, les jeunes se sont souvenus des paroles de la chanson « Babor El Louh », qui dépeint les dangers de l’émigration clandestine et le triste sort des disparus en mer.


A travers des slogans répétés en chœur, la jeunesse algérienne a accablé l’ancien président Bouteflika avec le refrain de « la malédiction des Harragas ».


En 2019, les jeunes Algériens ont suspendu leur quête désespérée vers l’Europe, animés par l'espoir que le Hirak marquerait le début d'une véritable transformation sociale et politique.


Leur engagement massif dans ce mouvement populaire témoigne de leur désir sincère de contribuer à une révolution naissante, visant à instaurer un avenir plus juste et équitable en Algérie.


Malheureusement, la répression brutale qui a suivi a écrasé cet espoir et étouffé les aspirations à une vie meilleure.


Les promesses de changement ont été remplacées par une répression qui a non seulement bafoué les droits fondamentaux mais aussi déçu une jeunesse en quête de dignité et de justice. Les droits humains, universels et inaliénables, continuent de se voir compromis par des politiques qui privilégient la répression sur l’écoute et la réforme.


Les aspirations légitimes de ces jeunes à un avenir meilleur ne doivent pas être réduites au silence par des mesures répressives. Le respect des droits fondamentaux est essentiel pour toute société démocratique, et il est impératif que les autorités algériennes reconnaissent et répondent aux besoins de leur jeunesse avec respect et équité.


Yacine M


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