La manifestation de soutien à la Palestine organisée ce jeudi en Algérie a rassemblé des centaines de personnes à travers le pays. Un détail frappant : la quasi-totalité des pancartes et affiches brandies par les manifestants étaient rédigées en arabe ou en anglais, aucune en français.
Ce choix linguistique révèle l'érosion continue du français en Algérie. Et bien qu’il reste parlé par une partie de l'élite urbaine, il semble de moins en moins utilisé comme langue de mobilisation politique ou d'expression populaire.
Le déclin du français en Algérie s'est accéléré ces dernières années avec plusieurs décisions gouvernementales. En 2018, l'usage de l'arabe a été rendu obligatoire dans l'administration publique. Plus récemment, l'enseignement du programme français a été interdit dans les écoles privées pour la rentrée 2023, au profit de l'unique programme national en arabe.
Ces mesures s'inscrivent dans une politique linguistique prônant la promotion de l'arabe dialectal et standard comme langues nationales devant réunir l'ensemble de la population. L'anglais est également encouragé comme langue étrangère d'ouverture scientifique et économique sur le monde.
Ainsi, le faible usage du français lors de la manifestation pro-palestinienne reflète son recul dans l'espace public algérien. Langue du colonisateur honnie par beaucoup, en dépit de son prestige intellectuel passé, le français semble de moins en moins faire partie de l'identité linguistique de la jeunesse algérienne. Un déclin qui risque de s'accentuer à l'avenir.
Sophie K.