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Syrie: des familles retrouvent leurs proches disparus après des décennies de détention secrète

  • cfda47
  • 10 déc. 2024
  • 3 min de lecture

Dans les couloirs silencieux des anciennes prisons syriennes, les murs ont enfin commencé à raconter leurs secrets. Depuis novembre 2024, un processus historique de libération s'est engagé, déchirant le voile épais de cinquante années de répression systématique qui a débuté sous Hafez el-Assad et s'est poursuivie sous Bachar el-Assad.

 

Les chiffres sont implacables et douloureux : entre 2011 et 2024, 149 360 Syriens ont été victimes de disparitions forcées et de détentions arbitraires. La prison de Saydnaya, véritable “abattoir humain” selon les témoignages, symbolise cette terreur d'État. Entre 2011 et 2018, près de 30 000 prisonniers politiques y sont morts, selon Amnesty International. Sur 30 000 détenus, seuls 6 000 avaient connu la liberté avant la chute du régime.

 

Aujourd'hui, des familles entières se retrouvent, effaçant des décennies de silence et d'angoisse. À Alep, les sites de Tariq Bin Ziad et Al-Sabil sont devenus des lieux de résurrection, où des centaines de prisonniers retrouvent leur liberté. À Hama, 1 500 détenus ont été libérés, chacun portant les marques invisibles mais profondes d'années d'isolement.

 

Les Casques blancs jouent un rôle crucial dans ces opérations de libération. Leurs équipes quadrillent méthodiquement les anciennes prisons, transformant chaque mur défait, chaque porte ouverte en un récit de résilience et d'espoir.

 

Les familles convergent désormais vers ces lieux de détention, portant des photos, des noms, des espoirs. Comme Houssam, réfugié syrien revenu après quatre ans d'absence, qui cherche son père disparu en 2014 lors d'une élection présidentielle. “Je n'y vais que pour essayer de le trouver”, témoigne-t-il, incarnant le destin de milliers de Syriens en quête de vérité.

 

Des points de recherche s'organisent spontanément : “Ici, il n'y a pas de prisonniers, juste des listes”, expliquent les rescapés. Des milliers de personnes s'inscrivent, laissant un nom, un numéro de téléphone, dans l'espoir de retrouver un proche.

 

L'impact humanitaire de ces événements est vertigineux. Depuis l'offensive du 27 novembre, 280 000 Syriens ont été déplacés dans le nord-ouest du pays, avec des projections alarmantes des Nations Unies prévoyant le déracinement potentiel de 1,5 million de personnes.

 

La violence a un prix : depuis novembre 2024, 910 personnes, dont 138 civils, ont perdu la vie durant l'offensive rebelle. Plus de 100 000 personnes sont mortes dans les prisons du régime, principalement sous la torture, témoignant d'un système de répression systémique.

 

Ce mouvement de libération résonne au-delà des frontières syriennes. Au Liban, où 17 415 personnes ont disparu durant la guerre civile de 1975-1990, on comprend intimement cette quête de vérité et de justice. L'adoption de la loi 105 en 2018, reconnaissant le droit à l'information pour les familles, symbolise cette aspiration universelle à la reconnaissance.

 

Ces libérations transcendent un simple processus administratif. Elles racontent l'histoire d'un peuple qui se relève, qui cherche à cicatriser des blessures collectives profondes. Chaque prisonnier libéré, chaque famille réunie est un acte de résistance contre l'oubli et la terreur.

 

La route vers la reconstruction reste longue et complexe. Mais dans ces moments de libération, on peut entrevoir les prémices d'une société fondée sur le respect des droits humains, sur la reconnaissance de la dignité de chaque individu. Comme le souligne un chef rebelle : “La libération de cette prison, c'est la libération de toute la Syrie.”



Sophie K.

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