Onze mois que des personnalités politiques ont été arrêtées et placées en détention, dans le cadre de l’affaire dite du complot contre la sûreté de l’État. Parmi les détenus dits politiques, il y a Ghazi Chaouachi, avocat, ancien député et ministre. Il refuse de voir quiconque. Pas même sa femme, ses enfants ou son avocate.
Ghazi Chaouachi est accusé, avec cinq autres opposants à Kaïs Saïed, de « complot contre la sûreté de l’État ». Amnesty International a dénoncé des arrestations « arbitraires », ainsi que des accusations « forgées de toutes pièces ».
Youssef, le fils de Ghazi Chaouachi, s’inquiète : « On ne sait pas comment il va. Il ne reçoit plus de nourriture de notre part. C’est vraiment très très difficile pour nous. Il a eu 60 ans l’année dernière. Il a quelques maladies chroniques. On a vraiment peur pour sa santé physique mais aussi mentale et psychique. »
Épuisé mentalement, son autre fils, Elyès Chaouachi a exprimé son inquiétude sur les ondes de la radio tunisienne IFM : « Ghazi Chaouachi menace désormais de se coudre la bouche. Il refuse de rencontrer quiconque désormais. Il refuse de parler. Il ne se douche plus, plus rien. Il a dit qu’il n’allait pas se suicider ni faire une grève de la faim mais qu’il allait se contenter de vivre d’eau et de pain. Il a arrêté de prendre ses médicaments. »
Face à cette situation et en désespoir de cause, Elyès Chaouachi a décidé en décembre dernier, de lancer un appel au président tunisien Kaïs Saïed. « Le Président de la République doit prendre position dans ce dossier. Libérez les prisonniers. Laissez-les en état de liberté et interdisez-leur de voyager, interdisez-leur d’apparaître dans les médias, mettez-les en résidence surveillée mais laissez-les sortir ! »
Saisie par des familles de détenus, la Cour africaine des droits de l’Homme, basée à Arusha en Tanzanie, avait sommé Tunis d’améliorer les conditions de détention des prisonniers et d’éclaircir les motifs de leur arrestation. C’était en septembre dernier, la décision avait suscité l’espoir des familles des détenus. Celle-ci est toutefois bien retombée depuis.
La rédaction
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