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Violences numériques en Algérie: un guide pour briser le silence et reprendre le contrôle

La publication aujourd'hui d'un guide pratique de lutte contre la violence numérique marque une avancée significative dans le combat contre ce fléau qui gangrène la société algérienne. Les chiffres révélés sont glaçants : 83% des femmes algériennes ont subi du harcèlement sexuel en ligne, 60% ont été victimes d'insultes, et plus de 40% ont reçu des menaces concernant leurs images intimes.

 

L'augmentation vertigineuse des signalements officiels auprès de la Gendarmerie Nationale témoigne de l'urgence de la situation : de 296 cas en 2021, le nombre est passé à 556 en 2023, avec une proportion alarmante de victimes mineures. “Ces statistiques ne représentent que la partie visible de l'iceberg”, souligne Amira Merabet, coordinatrice du projet. “La honte et la peur des représailles maintiennent encore de nombreuses victimes dans le silence.”

 

Le guide propose une approche novatrice et complète, s'appuyant sur le cadre juridique existant. La loi n° 09-04 de 2009 sur la prévention des infractions liées aux TIC et la loi n° 18-07 de 2018 sur la protection des données personnelles offrent déjà un arsenal juridique conséquent. Le Code pénal prévoit des sanctions spécifiques pour l'usurpation d'identité, la diffamation et l'atteinte à la vie privée.

 

L'impact psychologique de ces violences est dévastateur. Les victimes adultes rapportent des troubles anxieux, une diminution drastique de l'estime de soi et un isolement social profond, tandis que les mineures développent des troubles émotionnels et comportementaux qui peuvent affecter durablement leur développement.

 

Face à ces constats, le guide détaille des mesures de protection concrètes : renforcement de la sécurité numérique avec des mots de passe complexes et l'authentification à deux facteurs, protocoles d'urgence en cas d'attaque, et surtout, conservation méthodique des preuves pour faciliter les poursuites judiciaires.

 

Pour obtenir de l'aide immédiate, plusieurs associations ont renforcé leur dispositif d'accompagnement. SOS Femmes en détresse à Alger assure une permanence téléphonique 24/7, offrant un premier point de contact crucial. Le Réseau Wassila propose un accompagnement juridique et psychologique complet, tandis que l'Association Djazairouna a développé une expertise spécifique dans le soutien aux victimes de violences numériques. FARD (Femmes Algériennes Revendiquant leurs Droits) met à disposition son expertise juridique, et l'ARPP (Association pour l'aide, la recherche et le perfectionnement en psychologie) propose un accompagnement psychologique adapté aux traumatismes spécifiques liés à ces violences.

 

Le guide, disponible gratuitement auprès de ces associations et sur leurs plateformes numériques sécurisées, représente une ressource indispensable pour toute personne confrontée à ces violences. En cas d'urgence, le numéro vert national dédié aux violences contre les femmes reste accessible 24h/24.

 

Cette initiative marque un tournant dans la lutte contre les violences numériques en Algérie, offrant enfin aux victimes les outils nécessaires pour se protéger et faire valoir leurs droits.



Lien vers le Guide: 





Sophie K.

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