Au moment où la France envisage de restreindre l'accès à son territoire pour l'élite algérienne, Alger opte pour une politique d'ouverture envers sa diaspora.
Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, a en effet annoncé dimanche 12 janvier son intention de “supprimer” l'accord intergouvernemental de 2013 qui permet aux détenteurs de passeports diplomatiques algériens de circuler librement en France sans visa. Cette mesure, qualifiée de “rétorsion” par le ministre, viserait spécifiquement "les dirigeants algériens" sans affecter les binationaux.
A contrario, l'Algérie vient d'instaurer une mesure exceptionnelle d'assouplissement valable jusqu'au 31 décembre 2025. Sur instruction du président Abdelmadjid Tebboune, le ministère des Affaires étrangères autorise désormais les Algériens établis à l'étranger et titulaires de passeports étrangers à entrer et sortir du territoire national sans visa préalable. Deux options sont proposées : la présentation d'un passeport étranger valide avec soit une pièce d'identité nationale biométrique électronique, soit un passeport algérien biométrique, même expirés.
Cette divergence d'approche s'inscrit dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre les deux pays. L'affaire de l'influenceur Boualem Naman, dit “Doualemn”, a récemment exacerbé ces tensions. Arrêté à Montpellier pour incitation à la violence sur TikTok, son expulsion vers l'Algérie suivie de son retour immédiat en France a provoqué une crise diplomatique, Alger dénonçant une mesure “arbitraire et abusive”.
En réponse, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a ordonné une surveillance accrue des réseaux de la diaspora algérienne en France. Toutefois, selon Europe1, les services de renseignement français n'ont détecté aucune coordination directe entre les influenceurs ciblés par les enquêtes et les autorités algériennes. Le youtubeur Chawki Benzehra, à l’origine des signalement visant les influenceurs, y voit néanmoins une “campagne de déstabilisation” orchestrée, possiblement en réaction à la position française sur la question du Sahara occidental.
La situation pourrait encore évoluer avec l'évocation par l'ancien Premier ministre Gabriel Attal d'une possible “dénonciation” de l'accord de 1968, qui régit le statut des Algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi en France. Gérald Darmanin a confirmé que cet accord, déjà modifié quatre fois, pourrait être révisé, le jugeant "un peu obsolète".
L'arrestation à Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 75 ans, ajoute une dimension supplémentaire à ces tensions diplomatiques, le ministre français de la Justice appelant à sa libération rapide.
Sophie K.
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